18 décembre 2014

Mike Nichols V. Jours d'infortune (1973-1975)

The Day of the dolphin (Le Jour du dauphin), 1973
Nichols est encore sous contrat pour un film avec son producteur des débuts Joseph Levine. Le réalisateur poursuit son association avec le scénariste Buck Henry pour cette adaptation du roman de Robert Merle, Un animal doué de raison. Pendant des années, Polanski avait travaillé sur ce projet, comme il en témoignera dans son autobiographie, effectuant tout un travail préparatoire en Europe, tragiquement interrompu par l'assassinat de Sharon Tate qui le rappelle à Los Angeles. George C. Scott, tout juste auréolé de son Oscar pour Patton va faire redécoller le projet, qui bénéficie d'un budget relativement important de 8 millions de dollars, tandis que sa femme Trish Van Devere sera sa partenaire à l'écran. Le jeune Paul Sorvino complète la distribution. 

Je n'ai pas malheureusement pas vu le film dont la réputation est il faut le dire assez peu flatteuse. Et il est vrai que le choix de Nichols n'apparaît pas évident pour traiter un sujet tel que celui-là qui mélange de façon un peu laborieuse écologie et espionnage (sans trop respecter le bouquin apparemment). Tourné en extérieur, le film semble cependant proposer de splendides paysages naturels, particulièrement bien mis en valeur par un cinémascope toujours aussi élégant. J'en connais surtout la magnifique bande originale de Georges Delerue, à la fois mélancolique et tragique. Je reste cependant curieux de le découvrir enfin, ne serait-ce que pour le plaisir d'y retrouver le style du réalisateur.



The Fortune (La Bonne fortune), 1975
Une comédie franchement géniale et assez noire qui se déroule dans l'Amérique des années 20, à l'époque où une loi du nom de Mann interdisait à une femme de voyager d'un État à l'autre avec un homme sans être mariée. Empêtré dans une procédure de divorce qui n'en finit pas, le dandy Warren Beatty demande au lunaire Jack Nicholson d'épouser à sa place la riche Stockard Channing. Ils partent tous trois pour la Californie et tentent tant bien que mal de cohabiter. On se régale des liaisons dangereuses au sein de ce trio complètement loufoque et improbable. Nicholson joue un peu les benêts dont les moments de démence offrent des séquences hilarantes. Nichols reformera en 1986 le couple que son acteur désormais fétiche forme ici avec Channing sur Heartburn (La Brûlure)

Comédie sophistiquée en mode pince-sans-rire, qui prolonge à sa façon le cinéma de Billy Wilder et Blake Edwards, le film propose une avalanche de situations burlesques, menées sur un excellent rythme. Nichols impose au genre sa patte si singulière grâce à une mise en scène épatante, avec toujours ce goût pour les plans séquences inventifs et le format large. Enfin David Shire arrange des thèmes jazzy et pose une ambiance très agréable sur l'ensemble. 

Malheureusement, après Catch-22 et Day of the dolphin, The Fortune essuie à son tour un échec en salle. Échec si cuisant que Nichols va soudainement se retrouver dans l'impossibilité de faire aboutir ses projets suivants, et cesser de tourner pendant presque dix ans. C'est un peu la fin d'une période dorée pour le réalisateur qui a pu pendant ce temps véritablement tourner exactement comme il l'entendait, abordant des sujets audacieux mis en scène avec une inventivité de chaque instant. Il revient alors à Broadway — qu'il n'avait jamais tout à fait quitté — où il se consacre à sa première passion, le théâtre, et retrouve le succès public et critique.




DOSSIER MIKE NICHOLS :

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