18 août 2016

Deux films de Michele Soavi

Dellamorte Dellamore, 1994
Découvert tardivement, je suis immédiatement tombé sous le charme de ce film totalement surprenant, de son ambiance semblable à nulle autre. Passée sa scène d'ouverture choc, le récit se poursuit de façon imprévisible, donnant l'impression d'une suite de petits épisodes qui pourraient fonctionner presque indépendamment les uns des autres. Adapté d'un roman de l'auteur du fumetti Dylan Dog, le film est bourré d'idées poétiques, de situations complétement surréalistes où tout devient possible et où il ne sert à rien de chercher des réactions logiques de la part des personnages (ainsi celui complètement improbable de la fille du maire). Et c'est d'autant plus agréablement déstabilisant que l'humour noir est régulièrement contrebalancé par le sérieux du protagoniste.

Dans le rôle-titre du gardien de cimetière hard boiled, Rupert Everett est impeccable, tandis qu'Anna Falchi dévoile de façon inoubliable toute l'étendue de son talent. Soavi se montrait ici particulièrement inspiré, faisant preuve d'une folle audace dans sa façon de mélanger la farce la plus macabre au romantisme le plus fiévreux, livrant un spectacle qui ne peut laisser indifférent. Le grand écart réussi entre l'horrible et le sublime.




Arrivederci amore, ciao, 2006
Après être resté loin du grand écran pendant plus d'une décennie, c'est peu de dire que le retour au cinéma de Michele Soavi a été fracassant. Distribué pourtant en catimini, Arrivederci amore, ciao s'est révélé être un formidable polar, politique, excessif, noir, et parfaitement maîtrisé. Une nouvelle fois, Soavi fait preuve d'une générosité, d'un débordement d'idées  qu'il préfère ne pas trier, pour la plus grande jubilation du spectateur. Le scénario contient ainsi tellement de pistes que chacune d'entre elles pourrait donner lieu à un film en soi. Il y est aussi bien question de désillusions politiques, de gangsterisme, de mensonge et d'imposture. L'ironie grinçante dont fait preuve le metteur en scène plane régulièrement sur ce qui nous est raconté, et en même temps ses personnages ont une vraie épaisseur, qui fait que lorsque la violence surgit, par éclat, elle fait vraiment mal.

L'absence de morale qui caractérise le protagoniste et qui vient teinter la conclusion est assez stupéfiante. Alessio Boni interprète sans doute l'un des antihéros les plus surprenants jamais vus au cinéma. Et puis la mise en scène de Soavi s'autorise tous les excès, avec plein de petits détails toujours à la limite du surréalisme qui finissent par plonger le récit dans une ambiance fantastique (la bizarrerie du bar à putes, le sénateur avec son espèce de trottinette à moteur, la mouche dans le tribunal, la grue qui plonge dans le marais, etc.). Bref, un bijou qui reste toujours aussi délectable à la revoyure.



La Chanson de Caterina Caselli qui donne son titre, et son ton, au film

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