7 septembre 2016

Les Films de Richard Fleischer II. 1952-1954

The Happy time (Sacré printemps), 1952
Après avoir fait ses classes chez RKO, Fleischer est repéré par Stanley Kramer qui l'invite à la Columbia. Il livre avec The Happy time un film formidable, une de ses grandes réussites méconnues qui témoigne déjà de son admirable éclectisme.

Proche dans son atmosphère du délicieux Meet me in St. Louis de Minnelli, c'est une comédie familiale qui se passe dans les années 1920 à Ottawa. Le charme désuet de cette époque est rendu encore plus savoureux par le mélange d'anglais et de français parlé par des personnages, aussi nombreux que pittoresques. Marcel Dalio joue un impayable grand-père chaud lapin toujours prêt à courir les veuves. Charles Boyer est le père de famille qui, derrière une apparence plutôt bourgeoise, cache mal sa fantaisie. Marsha Hunt joue la mère garante de la bienséance. Louis Jourdan est l'oncle playboy à la moralité douteuse mais débordant de vitalité, et Kurt Kaznar l'oncle flemmard et joyeusement porté sur la bouteille. Au centre de cette communauté, Bobby Driscoll est le fiston en pleine poussée de sève, ne sachant trop comment réagir devant les nouvelles sensations qui l'assaillent. Suite à une sortie au cinéma, il se met ainsi à imiter Rudolph Valentino pour séduire la bonne, que courtise également son tonton playboy. 

Bourré d'idées, de gags et de musique, surprenant et chaleureux, le film fait vraiment passer un excellent moment, se montrant même assez audacieux dans sa façon d'aborder la montée du désir chez le gamin, à base d'allusions salaces assez irrésistibles. 50 ans plus tard, avec la vulgarité propre à notre époque, on pourra voir en American pie un héritier directDimitri Tiomkin emballe l'ensemble avec une musique très riche, qui vient souvent apporter un contrepoint ironique à ce qui se passe à l'écran, afin de dédramatiser un peu certains enjeux par des accents presque cartoonesques. D'ailleurs, le film n'est pas sans évoquer les comic strips familiaux publiés à cette époque. Tout ça contribue à plonger le spectateur dans une ambiance fort agréable, et l'on finit par s'attacher énormément aux personnages et à leurs désirs. Le dernier plan est superbe et plein d'émotion, confirmant ainsi que derrière la drôlerie et le cabotinage assumé de certains acteurs, il y a une vraie humanité, il y a du cœur.



Arena, 1953
Gros changement de registre avec cette production MGM, tournée en pleine mode du cinéma 3D (Creature from the black lagoon et Dial M for murder sortent au même moment). On pourra légitimement se demander pourquoi ça a été tourné en relief tant les possibilités de cette technique sont ici à peine exploitées (Fleischer y reviendra lorsque le procédé sera de nouveau en vogue au milieu 80 avec le pas brillant Amityville 3-D). On retiendra à la rigueur ce plan de gros buffles qui avancent vers la caméra, et on passera sous silence le hideux générique. J'ignore si c'est du au procédé Anscocolor, mais sur la copie qui nous a été projetée les couleurs ont complètement viré, évoquant ces vielles cartes postales coloriées, moches et kitschs.

Le film a incontestablement été tourné pour une bouchée de pain, et si le réalisateur a su par le passé transcender ses premiers maigres budgets, son Arena a tous les atours d'une série Z. Le récit se déroule quasiment en temps réel, pendant une après-midi de rodéo à Tucson. On assiste aux différentes épreuves, avec en fond sonore les commentaires pénibles de l'animateur et une musique de fanfare de circonstance. Les cowboys à l'œuvre lors de ces scènes de rodéo réalisent d'incontestables exploits, mais sont paresseusement filmés depuis l'extérieur de l'arène. C'est manifestement un vrai rodéo que Fleischer a filmé, intégrant ensuite ses acteurs pour les gros plans et certains contrechamps. Car tout cela ne serait finalement qu'un simple documentaire si on n'alternait pas avec des scènes dramatiques franchement peu exaltantes, centrées sur les problèmes de couple d'un Gig Young au jeu un peu trop poseur.

Néanmoins, la description de la dure vie de cowboy d'aujourd'hui n'est pas inintéressante,  présentés ici comme de pauvres types amenés à risquer leur vie pour gagner un misérable salaire. La solidarité qui règne entre eux les rend plutôt sympathiques, et le personnage de star déchue réduite à faire le clown interprété par Henry Morgan est presque touchant. On croise aussi Jean Hagen, ce qui est toujours un bon point. Mais on est quand même à des années-lumières des Misfits de Huston et Arthur Miller, auquel le cadre du film et ses interrogations existentielles pourraient faire penser.




20 000 leagues under the sea (20 000 lieues sous les mers), 1954
Chronique précédemment postée ici, dans le cadre de ma rétrospective Disney.


















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