20 juin 2017

Le Cinéma de George Cukor II. 1935-1939

Sylvia Scarlett, 1935
Après l'avoir faite débuter à l'écran (Héritage, 1932), Cukor dirige à nouveau Katherine Hepburn. Plus rayonnante que jamais, l'actrice livre ici un véritable festival grâce à un rôle qui s'accorde parfaitement à la modernité de son jeu. Son personnage de travesti lui offre en effet une grande richesse d'interprétation, jouant de façon vraiment piquante avec l'ambiguïté sexuelle, et annonçant déjà les audaces de Some like it hot (Wilder, 1959) et Victor/Victoria (Edwards, 1982). Et puis quelle bonheur de voir la star dans toute sa jeunesse et sa fougue sportive, sautant dans tous les sens, faisant des cabrioles pleines de grâces, allant jusqu'à plonger dans la mer. Et tout ça lors de plans manifestement non doublés.

En l'associant à Cary Grant, le metteur en scène invente un duo génial, compose une alchimie exceptionnelle qui permettra au genre de la screwball comedy d'atteindre des sommets. Que ce soit chez Hawks (Bringing up baby, 1938) ou à nouveau chez Cukor (The Philadelphia story, 1947, film qui pousse déjà le genre un peu plus loin). Proposant des ruptures de ton souvent efficaces, le scénario se montre vraiment étonnant, même s'il apparaît peut-être encore trop hésitant entre comédie et drame pour vraiment toucher. On ne fera pas trop la fine bouche devant des gags parfois un peu paresseux, car le spectacle est suffisamment de qualité pour qu'on accepte quand même d'en sourire.



Camille (Le Roman de Marguerite Gautier), 1936
Retour aux productions de prestige et au drame en costumes, avec cette adaptation de La Dame aux camélias, d'après Alexandre Dumas fils. Les riches décors et costumes alloués ici par la MGM auraient pu aboutir à un film empesé dans son bon goût. Or, toute la puissance du film c'est que ce luxe est précisément employé pour montrer l'hypocrisie et la débauche qui, derrière les toilettes et les bonnes manières, caractérise une certaine société, frivole et vénale. Le personnage de Camille, la Dame aux camélias, n'est absolument pas dupe de sa condition de cocotte, dont le train de vie dépend directement de sa capacité à s'attirer les faveurs des hommes fortunés. Dans ce rôle, Greta Garbo est plus que divine. Son interprétation est absolument sublime, s'efforçant autant qu'elle peut de sauver les apparences et de taire la douleur qui va déchirer son cœur, soudain conquis par un jeune homme sans titre. Robert Taylor joue cet amoureux transi qui manque peut-être un peu de charisme, mais cela correspond bien à son personnage, que seule sa passion sincère distingue des autres arrivistes.

Comme il sait si bien le faire, Cukor mélange avec beaucoup de talent le drame et la comédie, notamment grâce à toute une troupe de second rôles impeccablement dirigés, personnages plutôt débauchés dont les rapports d'amitié reposent essentiellement sur des intérêts financiers. Leur bouffonnerie au premier abord sympathique laisse alors deviner tout ce qu'elle comporte d'égoïsme et de jalousie. Et certains de ces personnages se révéleront être des clowns tristes (Gaston, étonnamment émouvant sur la fin). La mise en scène se fait très vite oublier, devient invisible, laissant le récit s'exprimer dans toute sa force. Bref, c'est un mélo en costumes à la réussite exemplaire, qui attaque son sujet de front, avec audace et vérité et qui peut en plus être vu aujourd'hui comme l'éclatant triomphe d'une actrice au talent sans pareil.







Gone with the wind (Autant en emporte le vent), coréalisation non créditée, 1939
Après avoir participé à la mise en production du Magicien d'Oz, Cukor est appelé par Selznick pour reprendre la réalisation en péril de son autre superproduction en Technicolor... avant de se faire remplacer...

Chronique complète à retrouver dans la première partie de ma rétrospective western...












DOSSIER GEORGE CUKOR :

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