24 janvier 2018

Le Cinéma bis de Sergio Martino

Milano trema : la polizia vuole giustizia (Rue de la violence), 1973
Bon polar qui baigne dans une atmosphère permanente de corruption et d'injustice. On y suit Luc Merenda (convaincant sosie de Bernard Tapie tout jeune), flic aux méthodes expéditives que sa hiérarchie laisse gentiment opérer en marge, tout en le rappelant à l'ordre pour la forme. Bon artisan, le réalisateur Sergio Martino braque le peu reluisant reflet de son époque, dépeignant une société italienne en pleine confusion des valeurs, où flics, gangsters et radicaux politique se mélangent dans l'ombre. Le propos est plutôt intéressant, mais assené sans trop de subtilité. Le comportement du héros et la logique de son plan se dont pas des plus convaincants, et du coup on passe un peu à côté de l'empathie pour certains personnages qui souhaitaient jouer sur la corde sensible.

Sans pour autant sombrer dans les excès du bis, le réalisateur n'oublie pas de combler aussi le spectateur venu ici pour se distraire, et son film propose un chouette enchaînement de scènes de braquage et surtout de poursuites en petites bagnoles complètement dingues, confiées à Remy Julienne, dont certains plans sont clairement tournés sans autorisation en plein milieu du trafic milanais. Nombreuses et assez fournies, ces scènes sont loin d'être toujours justifiées par le récit, et leur montage est parfois un peu confus. Mais on pourra estimer que leur côté extrême participe de cette expression de rage qui habite l'inspecteur Merenda. L'affrontement final en mode stock-car semble même annoncer — toutes proportions gardées — le climax du Bullet in the head de John WooDans le genre, plutôt un film solide, et en y repensant, assez riche, mais manquant un peu de force dans sa caractérisation.




2019 dopo la caduta di New York (2019 après la chute de New York), 1983
Tout est déjà dans le titre. Le scénario pille comme c'est pas permis dans les succès de l'époque, oubliant en route aussi bien le talent que les moyens. Ça donne à l'arrivée un sous-Mad Max croisé avec un sous-Escape from New York. Finalement un peu l'équivalent de ce que fera Neil Marshall avec dix fois plus de budget mais aussi d'inspiration sur son jubilatoire Doomsday. Sauf que chez Martino c'est du pur opportunisme commercial et pas de l'hommage. Le film est plutôt joliment photographié et se permet même le luxe d'une séquence tournée à Monument valley. En soi ça suffit à lui donner une touche et une ambition que n'avaient pas pu se permettre d'autres post-apo ritals de cette "glorieuse" époque. 

Pas trop paresseux donc, le film est relativement généreux en action, et nous gâte avec une belle galerie de véhicules customisés dans le style médiéval, des décors kitshouilles de laboratoires, de chouettes maquettes de bases secrètes, de Manhattan et de vaisseaux spatiaux, sans oublier la présence de pittoresques mutants radioactifs. Pour le reste, les acteurs sont exécrables comme il faut, ce qui ajoute au charme de ce doux nanar, surtout si on privilégie comme il se doit sa version doublée en français.

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